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Peut-on se passer de pardonner ?

« Ce qui fonde désormais la peine, ce n’est plus la défense de la société mais la souffrance de la victime, au point de rendre la prescription du crime inconcevable. »

J.C. Guillebaud,  dans sa chronique parue dans La Vie le 28 avril, attire notre attention sur ce point et questionne les conséquences propres à cette évolution.

Selon notre essayiste « 60 ans après la souffrance est toujours là « . Il deviendrait impossible d’ « effacer » le crime, c’est à dire qu’il soit prescrit. Cela se vérifie non seulement pour les crimes liés à la pédophilie (confère affaire Barbarin) mais également pour les attentats  récents  de Paris ou Bruxelles.

 

Toutefois l’Histoire nous prouve que la paix et la réconciliation sont nécessaires pour la pérennité de la société. Le conflit entre l’Allemagne et la France  l’illustre aisément, il aura bien fallu éteindre ce feu de haines, de violences croisées  entre les deux nations. Le projet européen est l’illustration effective.

Comment croire que nous pourrions désormais nous dispenser d’un tel « effacement » consenti ! A travers les images, les discours proférés, les bombes, les massacres perpétrés, tout nous incite à en découdre, à régler des comptes ; point de réconciliation à l’horizon! Or il nous faudra bien un jour  oeuvrer  à  ce parcours en réconciliation que ce soit chez nous ou en Irak comme en Syrie et ailleurs!

Comment ferons-nous ?

Ce qui vaut pour les peuples ne vaut-il pas pour les individus ? Peut-on se passer de réconciliation à notre échelle ?

 

Je recevais récemment dans mon cabinet un fils et son père. Depuis quelques mois, le fils en veut à son père. Ils s’étaient battus suite à un intrusion du père dans la chambre de l’adolescent, persuadé  que son fils perdait son temps au lieu de réviser pour le bac.

L’un comme l’autre ne peuvent envisager d’autre compromis que « moins on se voit, mieux c’est ».

Tout est mis à distance, le problème, les personnes. On se condamne à entretenir un feu de colère, de rancoeurs, dont chacun pense que le temps en viendra à bout.

Impasse implacable dont aucun ne sortira indemne sauf à trouver le chemin d’une vraie réconciliation.

Il importerait non seulement de pouvoir tout dire et entendre depuis les ressentis de l’adolescent victime meurtri, mais encore de pouvoir réaliser que les motifs prêtés au père ne se limitent pas à ce qu’ils paraissent !

 

Ce parcours de désamorçage du conflit jusqu’à parvenir à une pacification et à une réconciliation constitue précisément le coeur de la psychanalyse corporelle.

Encore faut-il que s’impose en son for intérieur un « ça suffit ! Je ne peux continuer à vivre avec de telles haines et rancoeurs vis à vis de l’autre! »…

Pacification possible donc à l’échelle de nos vies individuelles comme l’illustre ce conflit père-fils!

Et à l’échelle des crimes et violences dont témoigne le monde d’aujourd’hui?

La responsabilité de chacun à s’en occuper est grande, car à défaut de s’y atteler individuellement, l’absence de réconciliation profonde et durable ne pourra que générer cette énergie de guerre qui déborde sur la planète.

Jean-Luc Kopp

Article paru sur le site suivant :
http://psychanalysecorporelle.net/index.php/derniere-parution

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